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    Mouvement et Lumière #2

    Le mouvement et la lumière, comme l’espace et le temps, ont toujours fait bon ménage sur le plan scientifique et artistique. Preuve en est — si besoin était — au travers d’une expo “grand angle” qui met en perspective des œuvres d’art cinétique, géométrique, optique et numérique d’artistes pionniers, pour beaucoup disparus, et de la jeune génération déjà bien affirmée. Les pièces ne sont pas cloisonnées selon leur époque, ni leur courant, mais dialoguent entre elles selon les procédés utilisés et l’esthétique évoquée. Le public est invité à découvrir plus de 80 œuvres jouant avec le mouvement et la lumière — naturelle ou artificielle — au travers d’un parcours thématique en 6 étapes.

    On commence avec “Les Équilibres Naturels” où l’on perçoit non seulement l’espace environnant, mais aussi les forces vitales et invisibles de la nature : aux courants d’air qui animent les mobiles de Calder et Shingu, répondent les mises en tensions électromagnétiques de Takis. Plus loin, Pol Bury semble s’inspirer de la lenteur des poussées végétales pour mettre ses “Ponctuations” en mouvement, tandis que Laurent Debraux et Emmanuel Lagarrigue optent pour une approche hypnotique, que ce soit par le mouvement ou le son. Laurent Pernot prend un chemin plus poétique. Andrea Bowers est sur le registre de l’activisme et Carsten Höller est plus cartésien en utilisant, comme tant d’autres avant lui, la suite mathématique de Fibonacci.

    Un hommage est également rendu dans le jardin extérieur à Jesús Rafael Soto avec “Pénétrable BBL bleu”, sculpture monumentale et participative que le public est invité à traverser, et 5 autres œuvres représentatives de son travail. Cette couleur — le bleu — réagissant à la lumière blanche souligne la transparence, le volume et le mouvement du mobile sphérique de Julio Le Parc (cofondateur du G.R.A.V., Groupe de Recherche d’Art Visuel, auto-dissout en 1968). Minimalistes ou plus excentriques, “Les Lumières de la ville” sont sublimées par Dan Flavin, François Morellet (autre représentant disparu du collectif G.R.A.V.) et Jenny Holzer.

    D’autres jeux de lumière, impliquant “Reflets et Éclats”, viennent troubler notre perception de la réalité pour mieux la révéler. Les œuvres miroirs de Haegue Yang, Jeppe Hein, Regine Schumann ou Keith Sonnier fracturent notre espace ou le colorent, tandis que l’absence de reflets dans l’œuvre de Raphael Hefti nous déstabilise. […] Tatsuo Miyajima joue avec la synesthésie, qui porte certaines personnes à associer des couleurs aux lettres ou aux nombres. Félicie d’Estienne d’Orves compose avec des données sur les supernovae… […] Certains artistes explorent l’effet de la lumière sur les matériaux. Elias Crespin décompose les couleurs par la mécanique. Carlos Cruz-Diez les superpose grâce aux rayons lumineux qui traversent sa sculpture. Les matières chez Philippe Decrauzat créent des irisations, soit des décompositions de la lumière à leur surface, ou des effets de moirage chez Miguel Chevalier.

    Dans la section de l’expo intitulée “L”Œil du Moteur”, ce sont nos yeux qui sont les moteurs des effets optiques des œuvres proposés par Grazia Varisco, Nino Calos, Martha Boto, Hugo Demarco, Victor Vasarely, Iván Navarro ou Chul-Hyun Ahn qui nous aspirent dans des profondeurs de miroirs et de néons… Ces “Hypnoses Géométriques” peuvent aussi reposer “simplement” sur le contraste entre le noir et le blanc pour créer des images rémanentes – c’est-à-dire la persistance rétinienne d’une sensation après la disparition de sa cause – qui animent et font vibrer les formes géométriques simples qu’ils utilisent. […] L’apparente simplicité des œuvres cinétiques est trompeuse. Les carrés et les cercles souvent utilisés se multiplient ou se déforment pour nous plonger dans un mouvement comme chez Marina Apollonio ou Francisco Sobrino, une profondeur chez Antonio Asis et Joël Stein […] et se déclinent en couleur, avec Yaacov Agam, Ueli Gantner, Cesar Andrade, Siegfried Kreitner et Luis Tomasello ou en lumière chez Angela Bulloch. …

    Mouvement et Lumière #2
    > jusqu’au 1er novembre, Fondation Villa Datris, L’Isle-sur-la-Sorgue. Entrée libre.
    > https://fondationvilladatris.fr/fondation-villa-datris/exposition/

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